Vous vous rappelez du film sur Facebook titré « The Social Network » (le réseau social) ? Aujourd’hui ce titre serait démodé.
De plus en plus, le terme « réseaux sociaux » est remplacé par « médias sociaux« .
Les questions posées par la différence de termes
- Entre un réseau et un média, la différence est énorme, ne trouvez-vous pas ?
- Se qualifier de « média« , n’est-ce pas se comparer à des canaux de diffusion plus classiques comme la radio et la télé ?
- Purquoi avons-nous tendance à dire que nous sommes « à l’ère des médias sociaux » et non « à l’ère des réseaux sociaux » ?
- S’agit-il simplement d’une question de commodité ou existe-t-il une différence significative entre les deux termes ?
Comparaison des termes « social network » et « social media » dans le monde grâce à l’outil Google Tendances 2004/2020
On remarque qu’avant 2010, le terme « réseau social » était plus largement utilisé que celui de « médias sociaux » (les pics de recherche sont dus au film Facebook).
Pourquoi l’installation du terme « média » nous semble cohérent
Le fait que le terme « média » prenne le dessus nous semble cohérent. La télévision et la radio sont amenés à se transformer s’ils veulent perdurer. Il n’y a qu’à regarder nos enfants :
- Combien regardent leurs dessins animés à la chaîne TV ?
- Combien regardent les youtubeurs ?
- Combien d’adultes regardent les informations à la TV ?
- Combien d’adultes consultent Facebook ?
Les sites de réseautage social ont perturbé les médias traditionnels
Les géants des médias sociaux comme Facebook et Twitter n’avaient pas l’intention, à l’origine, de devenir la façon dont la plupart des gens recherchent des informations : ils essayaient simplement de mettre les gens en contact.
Devenir des « médias » est quelque chose qu’ils ont développé sans avoir eu l’intention de le faire au départ.
Examinez le slogan de Facebook à sa création en 2004
Vous arrivez à lire ?
Thefacebook is an online directory that connects people through social networks at colleges.
Je traduis :
Thefacebook est un annuaire en ligne qui met en relation les gens par le biais des réseaux sociaux dans les universités.
Ni plus ni moins. Jamais, en 2004, il n’a été question de transmettre en temps réel les vidéos des dernières manifestations dans les rues.
Le slogan de Twitter lorsqu’il a été créé en 2006
Il est écrit :
A global community of friends and strangers answering one simple question: What are you doing ?
Autrement dit :
Une communauté mondiale d’amis et d’étrangers répondant à une question simple : Que faîtes-vous ?
On pourrait aller loin comme ça, par exemple avec la bannière de MySpace en 2003 :
Un point commun entre tous les « réseaux sociaux » avant 2004 : Ils voulaient réunir des amis pour discuter entre eux, mais on ne voit aucune intention préméditée de remplacer les médias traditionnels et de servir d’alerte pour les événements globalisés.
A la lumière de ce fait, on peut se demander s’il est bien raisonnable de laisser le soin à des gens privés de diffuser l’information censée demeurer impartiale. Vous me direz: le gouvernement non plus n’est jamais impartial dans ses annonces et ses liens avec les médias classiques…
Twitter demandait « Que faîtes-vous », aujourd’hui il demande « Que se passe-t-il ? »
Les réseaux sociaux comme nouvelle source d’information
C’est un changement subtil mais significatif. A l’origine centrés sur la personne, les médias sociaux sont aujourd’hui centrés sur l’événement.
C’est le passage d’un réseau social à un réseau d’information.
Personne n’avait prévu que Twitter serait le système nerveux mondial qu’il est aujourd’hui. Les gens avaient prédit que l’avenir serait interconnecté, mais personne (pas même ses fondateurs) n’avait regardé Twitter en 2006 avec un tel regard vers le futur.
L’infrastructure a été construite avant de visualiser toutes les interactions qu’il était possible de faire. L’idée de demander « Que se passe-t-il ? » n’avait peut-être pas autant de sens à l’époque.
Les réseaux sociaux n’ont donc jamais vraiment cherché à remplacer les « médias » ni les « publications ». Les médias traditionnels et les blogs le faisaient. A la place, ils cherchaient seulement à résoudre un problème de « réseautage » et de « communication » entre les gens.
Les informations vues d’un autre regard
Dans une étude de 2014, des lycéens âgés de moins de 18 ans ont révélé leur préférence en terme de sources d’informations.
Sur la base d’entretiens avec 61 adolescents menés de décembre 2007 à février 2011, la plupart des adolescents participants ont déclaré ne lire que « parfois » les journaux imprimés, moins de 10 % d’entre eux les lisant quotidiennement.
Les adolescents ont plutôt déclaré s’informer de l’actualité sur les sites de médias sociaux tels que Facebook, MySpace, YouTube et des blogs (source).
Une autre étude a montré que les utilisateurs de médias sociaux lisent un ensemble de nouvelles qui est différent de ce que les rédacteurs de journaux présentent dans la presse écrite.
Par exemple, les tweets pessimistes ont presque 2 fois plus de chances de paraître « certains » qu’une affirmation optimiste. Les articles pessimistes seraient-ils plus enclins à être partagés ?
- Seuls 15 % des répondants savaient des choses telles que le taux de chômage actuel ou le nom des dirigeants.
- Facebook et Twitter permettent d’accéder à l’information, mais ne remplacent pas les canaux traditionnels
- 75% des ados reçoivent des nouvelles de leurs amis et de leur famille sur Facebook, mais ce ne sont pas des sources vérifiées
Qu’est-ce que les médias sociaux ?
La communication ne fait pas tout
Les médias sociaux seraient la communication + l’édition.
Dans l’ancienne définition, il est clair que les réseaux sociaux étaient une affaire de communication. Ils se voulaient un moyen de communication efficace. En cours de route, ils ont ajouté la publication.
La capacité à publier des informations n’est pas une fonction essentielle d’un réseau social, mais elle est absolument fondamentale pour les médias sociaux.
C’est donc l’introduction de la publication (la capacité de diffuser des informations) qui a fait passer Facebook du statut de « réseau social » à celui de « média » dont les organisations doivent se préoccuper.
La preuve de ce succès, c’est que les hackers adorent trouver leurs informations sensibles dans les réseaux sociaux.
Médias sociaux = réseaux sociaux + publication
Pour être un « média social », il faut donc être plus de 2 personnes dans le réseau… C’est la même chose pour un journal que vous imprimez dans votre chambre, avec seulement 5 exemplaires par numéro. Le terme « média » signifie que sa portée est globale et omniprésente.
- C’est donc une question de distribution
- Une question d’édition
Le développement de l’utilisation des médias sociaux
Le XXIe siècle pourrait être décrit comme la période de « boom » des réseaux sociaux
Les chiffres indiquent qu’en janvier 2020, on compte plus de 3,8 milliards d’utilisateurs de médias sociaux dans le monde.
Ce chiffre augmente de 9 % par an et tout porte à croire que cette tendance va se poursuivre.
Actuellement, le nombre d’utilisateurs de médias sociaux représente 49 % de la population mondiale.
Les plus grands utilisateurs de médias sociaux sont:
-
Les « natifs du numérique », c’est-à-dire le groupe de personnes qui sont nées ou ont grandi à l’ère du numérique et qui connaissent bien les différentes technologies
-
La « génération des milléniaux« , c’est-à-dire les personnes qui sont devenues adultes au début du XXIe siècle
Ces groupes d’utilisateurs utilisent les plateformes de médias sociaux pour à peu près tout:
- Du marketing
- A l’engagement social
- En passant par l’acquisition d’informations
- L’enseignement
- Les soins de santé
- L’engagement civique et la politique
L’utilisation non éthique des médias sociaux a entraîné une violation de la vie privée des individus et des répercussions sur la sécurité physique et la sécurité des informations
Les personnes âgées de 8 à 11 ans passent en moyenne 13,5 heures par semaine en ligne et 18 % de ce groupe d’âge sont activement impliqués dans les médias sociaux.
Les personnes âgées de 12 à 15 ans passent en moyenne 20,5 heures en ligne et 69 % de ce groupe sont des utilisateurs actifs de médias sociaux.
Si les enfants et les adolescents représentent les plus grands groupes d’utilisateurs d’internet, ils ne savent pas comment protéger leurs informations personnelles sur internet et sont les plus vulnérables aux cyber-crimes liées aux violations de la vie privée.
Dans la société actuelle, où les technologies de l’information sont omniprésentes, les données constituent l’un des atouts les plus précieux, sinon le plus précieux, pour la plupart des entreprises et des organisations.
Les organisations et les gouvernements collectent des informations par différents moyens, notamment:
- la collecte de données invisibles
- les plateformes de marketing
- les moteurs de recherche tels que Google
Le recueil d’informations sur les usagers est obtenu à partir de plusieurs sources, qui peuvent être fusionnées à l’aide de technologies créées pour établir des profils complets des individus.
Les informations sur les médias sociaux sont très accessibles et peuvent être d’une grande valeur pour les individus et les organisations, notamment pour des raisons marketing et politiques.
Comment s’adapter aux médias sociaux (ex-réseaux sociaux) ?
Aujourd’hui, les médias sociaux sont le moyen le plus efficace pour diffuser des informations au public
Le pouvoir de ce média est phénoménal, les exemples de ses capacités sont légion:
- Renverser des gouvernements (par exemple en Moldavie)
- Mobiliser des protestations (par exemple les Gilets Jaunes en France)
- Aider à obtenir un soutien pour l’aide humanitaire
- Organiser des campagnes politiques
- Organiser des groupes pour retarder l’adoption de lois
- Créer des milliardaires
Les réseaux sociaux offrent un large éventail de possibilités qui n’existaient pas avant la technologie.
Grâce à Facebook, YouTube et consors, les gens peuvent interagir avec des personnes situées à des millions de kilomètres et apprendre d’elles. La portée mondiale de ce média a supprimé toutes les anciennes frontières prédéfinies, notamment géographiques, sociales et autres.
A tel point qu’aujourd’hui, pour espionner une cible de son choix, n’importe qui peut installer un logiciel espion dans un téléphone pour obtenir la copie de tous les réseaux sociaux d’un individu (par exemple cette application pour Android).
Vie privée et médias sociaux
Les ordinateurs personnels et les appareils tels que nos téléphones intelligents équipés du système de positionnement mondial (GPS), les géolocalisations et les cartes géographiques connectées à ces appareils font de la vie privée telle que nous la connaissions une chose du passé.
Des rapports récents indiquent que certaines des plus grandes entreprises telles qu’Amazon, Microsoft et Facebook ainsi que diverses agences gouvernementales collectent des informations sans consentement et les stockent dans des bases de données pour un usage futur.Il est presque impossible de dire que la vie privée existe dans ce monde numérique.
La technologie a réduit le fossé entre les espaces professionnels et personnels et entraîne souvent l’exposition d’informations à un mauvais public. La réduction de la séparation entre les espaces professionnel et personnel peut affecter la gestion de l’image, en particulier dans un cadre professionnel, ce qui entraîne l’érosion de la gestion traditionnelle de l’image et de l’impression professionnelles.
Si l’utilisation efficace des médias sociaux peut apporter d’énormes avantages, elle comporte aussi des risques inévitables. Notre article sur Facebook aide le FBI à arrêter un pédophile montre bien que lorsque le réseau social veut vous identifier, il le peut.
Éthique et médias sociaux
Comme mentionné précédemment, les utilisateurs âgés de 8 à 15 ans représentent l’un des plus grands groupes d’utilisateurs de médias sociaux.
Il n’est pas rare que ces individus affichent les plus petits détails de leur vie, du moment où ils se réveillent jusqu’à celui où ils se couchent. Ils partagent ouvertement leur lieu de résidence, ce qu’ils mangent à chaque repas ou des détails sur des activités généralement considérées comme privées et personnelles.
Ils partagent également leurs goûts et leurs aversions, leurs pensées et leurs états émotionnels, ce qui est devenu la norme pour la plupart d’entre eux. Cependant, il arrive souvent que ces échanges ne contiennent pas seulement des informations sur la personne qui les partage, mais aussi des informations sur les autres.
Ces détails sont partagés sur plusieurs plateformes de médias sociaux, car les individus tentent de s’assurer que toutes les personnes de leur cercle social sont tenues au courant de leurs activités.
Avec cette ouverture du partage, des risques et des défis apparaissent qui ne sont souvent pas pris en compte mais qui peuvent avoir de graves répercussions.
La vitesse et l’ampleur avec lesquelles les médias sociaux créent des informations et les rendent disponibles (presque instantanément) à l’échelle mondiale, ajoutées au fait qu’une fois qu’une chose est publiée, il n’y a aucun moyen de la supprimer, devraient inciter les individus à réfléchir à l’impact possible d’un message.