La loi australienne sur l’espionnage est très stricte
Accusé d’espionnage si on discute avec un espion sur un média social
Apparemment, nous ne sommes pas assez nombreux à le savoir. L’ASIO, l’agence d’espionnage australienne, a récemment lancé sa première campagne de sensibilisation du public, avertissant que les espions étrangers utilisent les médias sociaux et les sites de réseautage professionnel pour recruter des Australiens comme agents involontaires.
- Alors, peut-on vraiment commettre un acte d’espionnage simplement en établissant des contacts sur les médias sociaux ?
- Comment savoir si la limite entre un réseau social innocent et une infraction à la sécurité nationale a été franchie ?
- Suis-je en danger d’infraction en surfant inconsidérément sur les réseaux sociaux comme Instagram par exemple ?
L’agence d’espionnage australienne met en garde contre les réseaux sociaux
L’ASIO prévient que les espions étrangers ciblent les Australiens qui ont accès à des informations sensibles ou précieuses, telles que :
- des informations relatives à la sécurité nationale
- au gouvernement
- à la propriété intellectuelle
- au commerce
➟ Qui est le plus à risque ?
- Cela peut concerner des fonctionnaires ou d’autres personnes ayant une habilitation de sécurité gouvernementale
- des universitaires et des chercheurs
- des personnes travaillant dans des secteurs tels que la banque et le commerce
Mais l’ASIO prévient que ce ne sont pas seulement ces professions qui sont en danger – tout le monde doit faire attention à ce qu’il partage en ligne.
Les lois australiennes sur l’espionnage
Le MI5, l’agence d’espionnage nationale du Royaume-Uni, explique bien ce qu’est l’espionnage :
Il s’agit de tous les processus d’obtention d’informations qui ne sont normalement pas accessibles au public, en utilisant des sources humaines (agents) ou des moyens techniques (le piratage de systèmes informatiques). Cela peut également concerner ceux qui cherchent à influencer les décideurs et les faiseurs d’opinion au profit des intérêts d’une puissance étrangère.
En 2018, suite aux révélations de l’ASIO sur une menace « sans précédent » d’espionnage et d’ingérence étrangère, le gouvernement a mis en place un dispositif complexe de 27 infractions d’espionnage. Les peines encourues vont de 15 ans à la prison à vie.
La législation australienne prévoit un délit de « préparation à l’espionnage »
- l’achat d’un ordinateur portable pouvant être utilisé pour le cyberpiratage
- un comportement dont l’explication est innocente
- une intention de se livrer ultérieurement à l’espionnage
Ces lois ont été critiquées par les universitaires pour leur complexité et leur portée excessive.
Par exemple, elles peuvent criminaliser la conduite légitime des journalistes et des dénonciateurs. Elles s’appuient sur une définition de la « sécurité nationale » qui inclut non seulement les questions de défense traditionnelles, mais aussi les relations diplomatiques de l’Australie.
Comment pouvez-vous commettre un délit d’espionnage ?
Sans surprise, vous commettez un acte d’espionnage si vous travaillez pour le gouvernement et que vous révélez sciemment des informations classifiées à un agent étranger via un site tel qu’Instagram.
Il peut être difficile de savoir à qui l’on parle vraiment en ligne
Vous commettez également un acte d’espionnage si vous partagez les secrets commerciaux de votre employeur avec un espion étranger via Facebook ou WeChat, même si vous ne pensez pas que le destinataire est un agent étranger.
C’est le type de comportement pour lequel l’ancien agent de la CIA Kevin Mallory a été reconnu coupable aux États-Unis en 2019.
Il a été condamné à 20 ans de prison après avoir vendu des informations classifiées de la défense américaine à une personne qui lui a envoyé un message sur LinkedIn en prétendant être le représentant d’un groupe de réflexion. Le représentant était en fait un agent du renseignement chinois.
Des actes moins évidents qui posent également problème
La « préparation à l’espionnage » criminalise un éventail beaucoup plus large de comportements.
Son objectif est de donner aux forces de l’ordre le pouvoir d’arrêter l’espionnage avant qu’il ne se produise. Il s’agit de l’infraction que vous êtes le plus susceptible de commettre involontairement sur les médias sociaux.
C’est notamment le cas si vous engagez une conversation avec l’espion en ayant des informations précieuses, de quelque nature que ce soit, ou si vous lui remettez des informations même si vous ne pensez pas qu’elles sont sensibles.
Si vous êtes accusé de ce délit, vous risquez jusqu’à 15 ans de prison.
Comment repérer un espion
Il est important de reconnaître les types de profils qui peuvent être malveillants.
Les agents étrangers utilisent les médias sociaux pour se faire passer pour de faux employeurs ou des consultants en recrutement qui vous proposent des opportunités d’affaires ou de carrière « uniques ».
➟ Comment reconnaître les tentatives de communication faites par des espions étrangers sur les médias sociaux
- Ces offres semblent trop belles pour être vraies
- elles manquent de détails
- elles sont présentées comme des opportunités ponctuelles ou limitées dans le temps
- le « recruteur » peut se montrer excessivement flatteur
- il met en avant les avantages du poste plutôt que de demander vos références
➟ Comment un espion étranger peut chercher à obtenir le plus d’informations possible sur vous
- Il demande des informations complémentaires sur vous et votre expérience
- il pose des questions apparemment anodines.
- il passe ensuite à des demandes d’informations plus sensibles
- il tente généralement de vous faire changer de plate-forme de communication ou d’organiser des rencontres en face à face
Cette vidéo explique comment détecter un espion
Si un inconnu vous contacte en ligne, demandez-vous si vous savez vraiment à qui vous parlez
Comment se protéger ? Pour éviter de devenir une cible de la part d’un espion, vous pouvez suivre quelques étapes simples :
- ne donnez que le minimum de détails nécessaires sur votre profil en ligne
- ne partagez votre CV ou les détails de projets spécifiques qu’avec des contacts de confiance et vérifiés
- utilisez les paramètres du site Web pour contrôler qui peut consulter votre profil
- si vous avez accès à des informations sensibles, ne rendez pas publics les détails de vos fonctions ou employeurs sensibles
- si vous êtes contacté par un profil en ligne dont vous soupçonnez qu’il essaie de vous soutirer des informations sensibles, ne répondez pas
- signalez le contact au conseiller en sécurité de votre entreprise ou de votre gouvernement, puis supprimez cette personne de votre réseau
(Voir aussi : Comment effacer toute trace des sites visités)
Vous ne pouvez pas vous « préparer à l’espionnage » si vous n’êtes pas connecté à l’espion et n’avez pas communiqué avec lui. En définitive, le message est celui de la prudence.
En France, la loi n’est pour l’instant pas aussi sévère sur les réseaux sociaux, mais les politiques avancent doucement dans ce sens.