Comment la violence d’un partenaire amoureux compromet notre moralité

Survivre à la violence d’un partenaire : entre stratégies de protection et préjudices moraux

De quoi on parle
  1. Le préjudice moral peut survenir dans des circonstances oppressantes ou dangereuses telles que la violence du partenaire amoureux.
  2. Le préjudice moral survient lorsque les comportements d’autoprotection compromettent le caractère moral d’une personne.
  3. Le préjudice moral est un sentiment de honte, de culpabilité et de regret qui doit faire l’objet d’un traitement et qui diffère du traitement du syndrome de stress post-traumatique.

Le préjudice moral peut survenir lorsque notre capacité à maintenir une bonne moralité a été compromise par les circonstances d’une condition oppressive ou dangereuse, telle que la violence du partenaire amoureux.

Dans certains cas, une victime d’abus sexuels fait l’expérience d’une perte d’autorité sur sa vie, ce qui peut l’amener à adopter des comportements, même s’il s’agit d’autoprotection, qui entrent en conflit avec ses convictions morales. C’est ce préjudice moral qui peut contribuer à ce que la victime ressente une profonde angoisse psychologique de honte et de culpabilité qui constitue une blessure morale.

Dans le cadre de la guérison des traumatismes, il est essentiel d’accorder une attention particulière à la blessure morale pour aider les victimes à guérir complètement.

Violence du partenaire amoureux : Des blessures invisibles qui doivent être traitées

Un partenaire amoureux qui utilise la coercition psychologique pour obtenir le pouvoir et le contrôle sur l’autre définit l’abus d’un partenaire amoureux.

Qu’il y ait ou non violence physique, la coercition psychologique peut être exercée au moyen :

Un partenaire autoritaire ne dévoile généralement pas toute l’étendue de ses intentions coercitives avant le mariage et, même dans ce cas, elles se développent insidieusement au fil du temps.

Au bout du compte, la victime passe de l’attente d’amour et de collaboration à l’acquiescement pour éviter d’être blessée. L’impact psychologique sur la victime est traumatisant, entraînant :

  • une baisse de l’estime de soi,
  • une perte de sécurité émotionnelle
  • une perte de confiance dans sa perception et son jugement

Il peut conduire au développement d’un syndrome de stress post-traumatique (SSPT).

Stratégies de survie et préjudice moral

Dans un article paru en 2021 et intitulé « The Moral Harms of Domestic Violence » , Salzberger affirme que le préjudice moral se réfère à une sorte d’angoisse psychologique qui survient lorsqu’un individu cause ou devient impliqué de manière causale dans des actions que nous considérerions normalement comme des offenses moralement graves en raison de leurs circonstances.

La victime de la violence d’un partenaire amoureux utilise des stratégies pour minimiser l’impact néfaste de la violence, alors que dans le même temps, ces mêmes stratégies peuvent lui causer un préjudice moral.

Voici quelques exemples de stratégies utilisées par les victimes pour se protéger et qui finissent par compromettre leur moralité :

  1. Ne pas s’exprimer et ne pas fixer de limites avec leur partenaire sur des questions importantes pour eux, par crainte de représailles et de dommages pour eux-mêmes.
  2. S’isoler en rejetant sa famille et ses amis afin d’aller dans le sens de son partenaire qui rend le maintien du contact extrêmement préjudiciable.
  3. Accepter les menaces d’un partenaire et les exigences imposées à la victime par crainte pour sa vie, le bien-être de ses enfants, la sécurité de ses animaux domestiques, etc.
  4. Signer des documents contenant des informations frauduleuses, comme des déclarations d’impôts ou des prêts.

⇒ Finalement, pour se protéger, la victime adopte un comportement qui compromet ses valeurs et ses convictions morales.

Le préjudice moral des victimes

Dans mes groupes de rétablissement pour les femmes ayant un partenaire autoritaire, j’entends trop souvent la question suivante :

« Comment en suis-je arrivée là ? » .

Souvent, cette question fait suite à la reconnaissance de la perte du sens de soi, de son identité et de son bien-être.

Dans le cadre de son traitement, une cliente a travaillé sur une profonde blessure morale qui m’a appris à quel point il est important de témoigner. Elle avait l’impression de s’être compromise dans ses croyances morales en pensant que sa survie était en jeu.

  • Elle a exprimé beaucoup de honte,
  • de culpabilité,
  • de regrets
  • et de chagrin à la suite des multiples pertes qu’elle avait subies.

Une fois qu’elle a surmonté la honte et la culpabilité liées à sa blessure morale, ma cliente a eu accès à sa colère et n’a pu qu’ensuite demander des comptes à son agresseur pour les violences subies.

De la part de ceux qui témoignent, la victime ne cherche pas l’absolution mais l’équité, la compassion et la volonté de partager la connaissance coupable de ce qui arrive aux personnes dans l’extrême.

Un syndrome de stress post-traumatique (SSPT) susceptible de causer un préjudice moral

Cela ne signifie pas que le traitement du SSPT seul permettra de traiter la blessure morale. Nous privilégions le principe selon lequel le « traitement » du préjudice moral doit être défini par l’individu en fonction de ses croyances et de ses besoins.

  • La thérapie par la parole,
  • le dialogue religieux,
  • l’art,
  • l’écriture,
  • les cercles de discussion et d’échange,
  • les rassemblements spirituels, etc.

…sont autant d’outils permettant de reconnaître et d’affronter le préjudice moral.

En tant que thérapeutes, nous devons créer un espace de partage et répondre avec compassion aux blessures morales des victimes et d’autres personnes qui subissent des circonstances oppressives et/ou dangereuses.

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