L’impact du téléphone mobile sur la vie sociale des jeunes

L’adoption du téléphone mobile par les jeunes est un phénomène mondial récent. Il fait désormais partie intégrante de la vie quotidienne des adolescents et constitue, pour la majorité d’entre eux, le moyen de communication électronique le plus prisé. Le téléphone mobile est passé d’un outil technologique à un outil social. Cet article examine son impact sur les relations entre pairs, les relations familiales et l’institution scolaire.

Les jeunes utilisent le téléphone mobile de manière positive pour organiser et entretenir leurs réseaux sociaux. Toutefois, des effets négatifs apparaissent également, notamment l’ostracisme et le cyberharcèlement.

Les dynamiques familiales ont également évolué, les questions de sécurité et de surveillance du point de vue des parents menant à des négociations sur les libertés des jeunes. Si la coordination fonctionnelle peut être bénéfique pour la famille, d’autres problèmes émergent :

• difficultés financières
• accès des parents non gardiens
• dépendance excessive au téléphone mobile pour les questions de sécurité
• et intrusion dans la vie des jeunes

L’impact du téléphone portable sur l’école en tant qu’institution a reçu moins d’attention. Perturbations des cours, tricheries et harcèlement en sont quelques manifestations négatives, tandis que le seul effet positif observé semble être l’envoi de textos aux parents des élèves absentéistes.

L’émergence d’un outil social

L’invention du téléphone fixe au XIXe siècle aux États-Unis a transformé les modes d’interaction. Au début du XXIe siècle, le téléphone mobile a produit une révolution similaire. D’abord conçu pour les adultes actifs dans un cadre professionnel, il est devenu un objet personnel appartenant aux jeunes. Le téléphone mobile permet une connectivité constante et immédiate, bien au-delà de la portée du téléphone fixe. C’est cette « portabilité » qui lui confère sa dimension sociale unique, particulièrement chez les adolescents.

À mesure que la technologie est devenue plus accessible, les jeunes ont adopté le téléphone mobile non pour sa fonction vocale première, mais pour sa capacité à envoyer des messages écrits, facilitant une communication discrète, rapide et peu coûteuse. Il est devenu le prolongement de leur identité sociale, un canal par lequel ils gèrent leurs amitiés, leurs affections et leurs conflits.

La socialisation entre pairs

Les téléphones portables ont radicalement changé la manière dont les jeunes interagissent avec leurs pairs.

Les SMS constituent une forme de communication dominante. Cette interaction permet aux adolescents de rester en contact quasi permanent avec leurs cercles sociaux. De nombreuses études soulignent que les messages courts renforcent l’identité du groupe, offrent un sentiment d’appartenance et permettent de maintenir la cohésion sociale.

Cependant, cette utilisation sociale a également ses revers. Le phénomène du harcèlement numérique (ou cyberbullying) s’est intensifié avec la généralisation des téléphones mobiles.

• Les messages anonymes,
• les intimidations de groupe
• et les rumeurs peuvent désormais se propager instantanément.

De plus, les jeunes qui ne possèdent pas de téléphone ou ne maîtrisent pas les codes d’usage peuvent être marginalisés, créant une forme de fracture sociale technologique.

Vie familiale et contrôle parental

Dans la sphère familiale, le téléphone mobile est souvent perçu comme un outil de sécurité. Il permet aux parents de joindre facilement leurs enfants, de connaître leur position ou de vérifier qu’ils sont bien arrivés à destination. Cette fonction rassurante est valorisée, notamment dans les contextes urbains ou les familles monoparentales.

Mais ce contrôle peut rapidement se transformer en surveillance. Certains jeunes vivent mal cette intrusion constante dans leur intimité. Ils perçoivent le téléphone comme un lien permanent, voire une laisse numérique. Les conflits liés à la gestion du téléphone sont fréquents dans les familles :

• restrictions horaires
• surveillance des appels
• contrôle des dépenses.

Pour les parents séparés, le téléphone devient parfois un champ de bataille symbolique, chacun cherchant à maintenir un lien exclusif avec l’enfant.

L’école face au défi numérique

L’arrivée du téléphone mobile à l’école pose un dilemme majeur. D’un côté, il représente un outil de coordination et de sécurité ; de l’autre, il perturbe l’espace d’apprentissage. Les enseignants rapportent des cas croissants de tricherie via SMS, de harcèlement pendant les heures de cours, ou de distractions liées aux réseaux sociaux. Les établissements scolaires peinent à mettre en place des politiques cohérentes, oscillant entre interdiction totale et tolérance encadrée.

Certaines écoles tentent d’intégrer le téléphone dans les processus pédagogiques, mais ces initiatives restent marginales. Le téléphone mobile, bien qu’omniprésent, demeure un élément perturbateur dans le cadre scolaire, et rares sont les mesures qui parviennent à concilier innovation et discipline.

Que pouvons-nous faire ?

Ce n’est un secret pour personne que les téléphones portables ont eu un impact significatif sur la vie sociale des jeunes. Une étude suggère que si le temps passé avec les amis a considérablement diminué au cours des 25 dernières années, il est désormais remplacé par un temps accru passé devant des écrans, tels que les téléphones portables et les ordinateurs.

Étude Hobby One (France, 2022)

Réalisée par Vertigo Research auprès de 14 000 personnes âgées de 11 ans et plus, cette étude révèle que les Français consacrent désormais plus de 60 % de leur temps libre aux écrans.

Les activités telles que les réseaux sociaux, le streaming vidéo et les jeux vidéo dominent les loisirs. Les interactions sociales en personne et les sorties culturelles à moins de 17 % du temps libre. Cette tendance s’est accentuée avec les confinements liés à la pandémie de Covid-19.

Enquête TIC Ménages 2023 de l’Insee (France)

Selon cette enquête, 15 % des internautes âgés de 15 à 19 ans déclarent avoir négligé leurs loisirs pour rester sur les écrans. Cette proportion est la plus élevée parmi les différentes tranches d’âge, indiquant une substitution des interactions sociales traditionnelles par des activités numériques.

Les enfants communiquent davantage entre eux via leurs appareils qu’en personne. Les experts estiment que ces changements pourraient contribuer à une augmentation de la dépression et de l’anxiété chez les adolescents, car les enfants passent moins de temps avec leurs amis qui peuvent les aider à développer leur résilience dans les moments difficiles.

Comment aider nos enfants à gérer la surcharge numérique ?

Dans un monde où nous sommes constamment bombardés de notifications, de bips et de sonneries provenant de nos appareils mobiles, il faut prendre du recul et évaluer l’impact de cette surcharge numérique sur nos enfants. Si les téléphones portables peuvent être un excellent outil pour rester en contact avec ses amis et sa famille, un temps d’écran excessif peut entraîner un isolement social, de l’anxiété et une dépression.

Je propose un moyen aux parents pour aider leurs enfants à réduire leur utilisation excessive des technologies :

Discutez avec votre enfant de ses habitudes

Demandez-lui à quelle fréquence il utilise son téléphone pendant les heures de cours, ce qu’il aime le plus dans l’utilisation de son téléphone et combien de temps il passe généralement à l’utiliser chaque jour. Ces questions vous aideront à déterminer s’ils ont suffisamment d’interactions en face à face avec d’autres personnes.

Si ce n’est pas le cas, demandez-lui de limiter son utilisation du téléphone en dehors des cours afin qu’il puisse consacrer plus de temps à ses amis et à sa famille. Encouragez-le à désactiver toutes les notifications sur leur téléphone lorsqu’il est à la maison ou en classe afin qu’il ne soit pas distrait pendant ses devoirs.