Faire défiler son fil d’actualité sur une application de réseau social pourrait être à l’origine de plus d’émissions de carbone que vous ne le pensez.
Aujourd’hui, tout le monde sait à quoi ressemble un téléphone portable chaud dans la main. C’est de l’énergie qui brûle. Et votre main n’est pas la seule chose que votre téléphone rend plus chaude.
L’infrastructure massive qui supporte votre téléphone contribue au changement climatique, et le problème risque de s’aggraver.
La consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre des réseaux sociaux
Un rapport du cabinet d’analyse de la durabilité Greenspector a révélé que les applications populaires TikTok, Facebook et Snapchat, avec leurs milliards d’utilisateurs, augmentent la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre.
Ses recherches affirment que l’utilisation quotidienne par une personne des 10 applications de réseaux sociaux les plus populaires au monde est similaire au fait de parcourir 1,5 kilomètres dans un véhicule léger, soit 540 km par an.
Notre appétit pour les téléphones et les applications qui les peuplent est donc un facteur contribuant au changement climatique. Je pense que du point de vue de la durabilité, les consommateurs doivent savoir que beaucoup de temps d’écran sur un smartphone équivaut à une pollution numérique et à un gaspillage numérique.
- C’est tout simplement malsain en quantités excessives
- L’idée de la pollution numérique devrait commencer à faire son chemin vers les masses
- L’utilisation excessive et inutile des smartphones peut être tout aussi mauvaise que de jeter son plastique dans la rue
Il est difficile de déterminer avec précision le nombre de smartphones en circulation
Les prévisions du cabinet de données sur la consommation Statista montrent qu’il y a près de 20 milliards d’appareils mobiles en service dans le monde en 2024, ce qui inclut les smartphones et les tablettes.
Bien qu’il y ait plus d’appareils que d’habitants dans le monde, les consommateurs continuent d’acheter les modèles les plus récents et les plus performants. Cela s’explique par la concurrence féroce sur le marché des smartphones, où des acteurs majeurs comme Apple, Samsung et Huawei, pour n’en citer que quelques-uns, se disputent les parts de marché avec les derniers appareils.
Les habitudes de consommation le confirment
Dans son dernier rapport trimestriel, Apple a fait état de 40 milliards de dollars de ventes d’iPhone, soit une augmentation de plus de 12 milliards de dollars par rapport à l’année précédente. Samsung a également enregistré une hausse de ses ventes dans son dernier rapport trimestriel.
L’utilisation cumulée de millions de smartphones jour après jour entraîne une demande d’infrastructures plus grandes et plus rigoureuses pour gérer cette charge. Si nous n’avions pas les smartphones, nous n’aurions pas tous les centres de données et donc l’impact indirect à travers la prolifération et la croissance rapide de l’infrastructure est vraiment ce qui crée cette augmentation explosive de l’empreinte carbone des TIC.
Le 5G contre la croissance verte ?
En général, les fabricants de smartphones ont rendu leurs appareils plus efficaces en ce qui concerne l’utilisation de l’électricité, mais l’expansion rapide de la connectivité, comme la 5G, mettra cela à l’épreuve.
Nous avons tous constaté les avantages d’un accès accru aux services de télécommunications, en particulier lors du Covid, mais la 5G nécessitera de plus grandes consommations d’énergie.
Je pense que c’est une question qui n’est pas encore totalement comprise ou à laquelle on n’a pas encore répondu. Selon Ericsson, l’adoption des abonnements à la 5G a été beaucoup plus rapide que celle de ses prédécesseurs. L’entreprise estime qu’il y aura 2 milliards d’abonnements 5G d’ici la fin de l’année 2024. Elle prévoit que d’ici 2026, les réseaux 5G représenteront plus de la moitié du trafic mondial des smartphones.
Apple a déclaré qu’il serait neutre en carbone d’ici à 2030
Apple a investi massivement dans les énergies renouvelables pour ses activités, tandis que la société chinoise Huawei a récemment annoncé qu’elle mettrait en place des infrastructures plus économes en énergie, telles que des antennes, afin de rendre ses réseaux 5G plus écologiques.
Les centres de données, grands consommateurs d’énergie
Si le modèle du smartphone que vous tenez dans la main est devenu plus élégant au fil des ans, en coulisses, son infrastructure de soutien est devenue de plus en plus robuste et tentaculaire.
Cette pièce maîtresse de l’infrastructure, ce sont les centres de données, ces vastes salles de serveurs qui stockent et traitent les données chaque jour, rendant possible chaque email, chaque tweet et chaque vidéo TikTok.
Les centres de données et leur insatiable soif d’énergie ont régulièrement fait l’objet de critiques, tant pour le rôle qu’ils jouent dans le changement climatique que pour les pressions considérables qu’ils exercent sur les réseaux électriques.
Selon les estimations de certains chercheurs, ces immenses salles de serveurs consomment collectivement plus de 250 térawattheures d’électricité par an, et ce chiffre ne cesse d’augmenter. Cela représente environ 1 % de la consommation mondiale d’électricité. À titre de comparaison, Paris consomme moins de 100 térawattheures d’électricité par an.
Malgré tout, il n’y a pas eu de ralentissement dans la construction de centres de données, en particulier dans les centres de données de grande taille. La taille des centres de données augmente, si bien que la capacité des centres de données s’accroît encore plus rapidement.
Tous les indicateurs montrent que cette croissance explosive va se poursuivre, et avec elle l’empreinte carbone
Les centres de données ne sont pas les seuls à alimenter nos smartphones. Les réseaux de communication eux-mêmes, tels que les stations de base radio, se sont développés pour répondre à la demande des appareils mobiles, notemment la diffusion de vidéos en direct et la réalité augmentée.
La mise en place de ces réseaux et la dépendance à l’égard des nouveaux appareils entraîneront d’importantes consommations d’énergie.
Nous espérons donc que ce secteur sera assez facile à décarboniser une fois que nous serons capables de décarboniser le réseau de manière significative
Pendant ce temps, l’ensemble du processus de fabrication derrière chaque smartphone continue d’être une entreprise à forte intensité de carbone :
- de l’extraction des métaux de terres rares
- à la fabrication et à l’assemblage des appareils
- en passant par l’expédition des produits sur les étagères et dans les boîtes aux lettres
Il y a beaucoup d’énergie intrinsèque dans la fabrication de ces téléphones. La production de téléphones et l’expédition de nouveaux téléphones dans le monde ont un impact important sur le carbone et le climat.
L’un des principaux facteurs de réduction des émissions de carbone des smartphones consiste à les faire durer plus longtemps
Le cycle de vie moyen d’un smartphone aux États-Unis est de 2 ans et demi avant que quelqu’un ne passe au modèle suivant : Je n’ai pas remarqué de changement significatif au cours des dernières années.
Le plus souvent, les gens jettent leur téléphone dans un tiroir à la maison ou le jettent à la poubelle après être passés à un nouveau modèle. On s’attend à ce que 70 millions de tonnes de déchets électroniques soient produites dans le monde cette année.
Les fabricants décident de coller les batteries au lieu d’utiliser des vis amovibles, de rendre les batteries plus difficiles d’accès et les téléphones eux-mêmes plus difficiles à ouvrir
Cette application fantôme vous transmet les messages, textos et localisations d'un téléphone.
Ce sont des décisions que les fabricants prennent au stade de la conception et qui n’ont rien à voir avec la technologie de la batterie elle-même, mais ce sont des décisions qui rendent délibérément la réparation beaucoup plus difficile et le remplacement de la batterie beaucoup plus difficile.
Cela crée une situation où le consommateur n’a guère d’autre choix que de remplacer un téléphone entier plutôt que de remplacer une batterie ou une pièce défectueuse.
Le recyclage des téléphones est une mesure positive que les gens peuvent prendre lorsqu’ils n’ont plus besoin de leurs appareils, mais ses effets sont limités. La majorité du recyclage des portables se fait par déchiquetage, et lorsque les téléphones sont déchiquetés, plus de la moitié des matériaux qu’ils contiennent ont un taux de récupération inférieur à la moitié.
De ce fait, un grand nombre de métaux contenus dans le téléphone ne sont pas récupérés.
Le recyclage n’est efficace que jusqu’à un certain point, il est essentiel d’allonger la durée de vie d’un téléphone
L’indice de réparabilité français : une obligation légale introduite en France
Source : https://www.economie.gouv.fr/particuliers/tout-savoir-indice-reparabilite
Cet indice oblige les fabricants d’appareils à fournir aux consommateurs une note sur le degré de réparabilité du produit.
- Il mesure la facilité d’accès aux pièces détachées ou aux documents techniques
- Indique si le téléphone peut être démonté en toute sécurité
- L’indice a pour but de conseiller les consommateurs sur la résistance d’un téléphone avant qu’ils ne l’achètent
Lorsque les entreprises verront que les consommateurs font des choix en fonction du fait que les batteries sont ou non remplaçables par l’utilisateur, elles seront plus enclines à procéder à ces changements.
- La solution consiste à conserver les téléphones plus longtemps
- à tirer le meilleur parti de tous les coûts de production de ces téléphones en les gardant fonctionnels plus longtemps
L’une des entreprises à l’avant-garde des téléphones durables réparables est la société néerlandaise Fairphone
Elle a récemment dévoilé son dernier modèle (le Fairphone 5) qui utilise des pièces réparables et remplaçables. Elle visait un cycle de vie de 4½ à 5 ans.
Cela va à l’encontre de l’analyse de rentabilité qui consiste à vendre autant de smartphones que possible, mais c’est aussi le comportement qui prévaut actuellement dans l’industrie et qui est à l’origine des déchets électroniques.
Il y a beaucoup plus à faire en matière de réutilisation. Il y a beaucoup plus à faire en matière de remise à neuf, et l’extraction des matériaux du téléphone est encore limitée. C’est pourquoi il est important d’utiliser le téléphone plus longtemps.
L’année dernière, Samsung a commencé à offrir jusqu’à 5 ans de mises à jour de sécurité pour aider à protéger certains appareils Galaxy
Les autres fabricants n’offrent que 2 ans.
Si l’on considère que la durée de vie typique d’un smartphone se situe entre deux et cinq ans, le smartphone moyen ne génère en moyenne que huit kilogrammes d’émissions liées à son utilisation réelle au cours de sa vie active.
L’utilité de la reprise
Lorsque vous êtes prêt à acheter un nouveau téléphone, l’option la plus écologique consiste à profiter de l’une des nombreuses offres de reprise proposées par les opérateurs de téléphonie mobile.
Votre ancien appareil peut alors être revendu, ce qui réduit la demande de nouveaux appareils. Au troisième trimestre 2022, l’âge moyen d’un appareil au moment de la reprise était de 3,46 ans (source : BAROMÈTRE DU NUMÉRIQUE édition 2022).
Un iPhone 11 ou un iPhone 12 peut être un vieil appareil pour vous, mais il y a de nombreux marchés où ils veulent cet appareil mais ne peuvent pas se permettre de dépenser 800, 900 ou 1 000 euros.
Les opérateurs comme Orange offrent généralement des incitations aux clients pour qu’ils rapportent leurs anciens appareils et les échangent contre des téléphones plus récents.
Les programmes de reprise stimulent la croissance du marché des smartphones d’occasion
Les programmes de reprise sont « gagnant-gagnant » pour toutes les parties concernées :
- les clients reçoivent de l’argent pour leur ancien appareil
- les opérateurs réalisent des ventes supplémentaires
- et les consommateurs d’autres marchés ont accès à des appareils qu’ils ne pourraient pas s’offrir autrement
Et c’est exceptionnel pour l’environnement, car ces appareils ne finissent pas à la décharge.
Étant donné que la plupart des émissions de carbone se produisent lors de la fabrication, le meilleur moyen de réduire l’empreinte carbone de votre smartphone est de faire attention à l’appareil lui-même.
Nous devons réfléchir plus attentivement au cycle de vie de nos téléphones. Comment faire ?
– N’acceptez pas de mise à niveau automatique.
– Il faudrait 34 ans d’utilisation moyenne pour que l’empreinte de l’électricité utilisée soit égale à l’empreinte du téléphone lui-même. Donc, si vous gardez votre téléphone deux fois plus longtemps, vous réduisez presque de moitié l’empreinte annuelle totale.
– Je suggère également d’opter pour un modèle reconditionné lorsque vous devez changer de téléphone portable. Vous obtiendrez ainsi un smartphone neuf sans les quelque 80 % d’émissions de carbone liées à la production. C’est un chiffre bien plus élevé que celui que vous obtiendrez en ne passant plus jamais d’appel à WhatsApp.
Si vous achetez un téléphone portable reconditionné, cette économie de CO2 est intégrée, de même que les garanties associées à l’achat d’un appareil neuf, telles que la garantie de 15 mois. Vous recevrez également un étui de téléphone écologique sans plastique pour vous aider à prolonger la durée de vie de votre appareil.
Enfin, plantez 12 arbres pour chaque appareil acheté, ce qui contribue à compenser les émissions de carbone restantes pendant la durée d’utilisation du téléphone. C’est mieux pour votre poche, et mieux pour notre planète.