
➨ Comment se développe l’enfant à l’adolescence ?
La jeunesse doit résoudre deux « crises » pendant l’adolescence (source : Les stades du développement psychosocial par Erik Erikson).
Contrairement à de nombreux autres théoriciens du développement de son époque, la théorie psychosociale du développement humain d’Erikson couvre toute la durée de la vie, y compris l’âge adulte.
Erikson a utilisé le terme « crise » pour décrire une série de conflits internes qui sont liés aux étapes du développement. Selon la théorie d’Erikson, la façon dont une personne résout la crise déterminera son identité personnelle et son développement futur.
Dans cet article, nous limitons notre discussion aux crises de l’adolescence, mais des informations plus complètes sur la théorie d’Erikson peuvent être découvertes en lisant ses livres.
Les deux crises d’adolescence évoquées par Erik Erikson
La confusion d’identité chez l’adolescent
La première crise se produit généralement au début ou au milieu de l’adolescence et est appelée crise d’identité ou confusion d’identité.
Cette crise représente la lutte pour trouver un équilibre entre le développement d’une identité unique et individuelle tout en étant accepté et « intégré ».
Ainsi, les jeunes doivent déterminer qui ils veulent être et comment ils veulent être perçus par les autres. Selon Erikson, lorsque les jeunes réussissent à traverser cette crise, ils en ressortent avec une compréhension claire de leur identité individuelle et peuvent facilement partager ce « soi » avec les autres ; ils sont donc en bonne santé et bien adaptés.
Ce sont des individus confiants qui peuvent s’associer librement avec d’autres personnes sans perdre leur propre identité. Toutefois, lorsque les jeunes ne parviennent pas à surmonter cette crise, ils ne savent pas qui ils sont.
Si l’adolescent échoue à traverser cette crise d’indentité
En l’absence de cette compréhension, les adolescents peuvent :
- ➨ se déconnecter socialement
- ➨ se couper des autres
- ➨ développer un sens exagéré de leur propre importance et adopter des positions extrémistes
Selon la théorie d’Erikson, lorsque les jeunes sont bloqués à ce stade, ils seront incapables de devenir des adultes matures sur le plan émotionnel.
La crise d’intimité de l’adolescent
La deuxième crise, qui se produit entre la fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte, est appelée la crise de l’intimité par rapport à l’isolement.
Cette crise représente la lutte pour résoudre la nature réciproque de l’intimité, c’est-à-dire pour atteindre un équilibre mutuel entre donner de l’amour et du soutien, et recevoir de l’amour et du soutien.
Ainsi, les jeunes doivent déterminer :
- comment développer et maintenir des amitiés étroites en dehors de la famille
- et comment atteindre la réciprocité dans les relations amoureuses
Erikson pense que lorsque les jeunes réussissent à naviguer dans cette crise, ils en ressortent avec la capacité de former des relations honnêtes et réciproques avec les autres et ont la capacité de se lier avec d’autres pour atteindre des objectifs communs (par exemple le mariage).
Si l’adolescent échoue à traverser cette crise d’intimité
Lorsque les jeunes ne réussissent pas à surmonter cette crise, ils peuvent :
- ➨ devenir distants
- ➨ devenir autonomes
- ➨ devenir nécessiteux, dépendants et vulnérables
Si les jeunes ne parviennent pas à résoudre cette crise, leur développement émotionnel est bloqué et, par conséquent, ils resteront isolés et seuls, sans soutien social.
La théorie d’Erikson a été révisée au fil du temps
La plupart des théoriciens du développement ne considèrent plus ce processus de développement comme une série de « crises » en soi. Aujourd’hui, ce processus de développement est considéré comme beaucoup plus fluide et flexible qu’Erikson ne le pensait au départ.
Le processus de détermination de l’identité des adolescents
Les théoriciens contemporains pensent maintenant que le processus de détermination de l’identité est un processus naturel dans lequel les jeunes « essaient » ou expérimentent différentes identités, et font l’expérience des différents résultats de leurs expériences afin de déterminer qui ils sont, et comment ils veulent être perçus par les autres.
Comment les jeunes adolescents peuvent décider de leur identité ?
Par exemple, une fille peut être curieuse de la sous-culture gothique et décider qu’elle aimerait « devenir gothique ».
- Elle se fait donc percer la lèvre
- se teint les cheveux en noir
- commence à porter beaucoup de vêtements noirs et violets de style victorien avec un flair séduisant
- elle se met à fréquenter d’autres Goths
- et à écouter de la musique gothique
➨ Cette expérience identitaire pourrait se solder par un rejet de la part de ses anciens amis et par des frictions constantes avec ses parents à propos de ses vêtements « bizarres ». |
➨ Un autre résultat pourrait être un sentiment d’appartenance et de camaraderie qu’elle partage avec les membres de cette sous-culture. |
➨ Ou peut-être apprécie-t-elle toute l’attention supplémentaire qu’elle reçoit maintenant. Ces résultats peuvent compenser les résultats négatifs de son expérience. |
Elle expérimente une identité différente et fait l’expérience des résultats de son expérience. Elle utilisera finalement ces informations pour décider de son identité.
Comment les adolescents font-ils pour se socialiser ?
De même, les jeunes expérimenteront différentes compétences et stratégies sociales.
Par exemple, une fille peut essayer d’être distante et froide par rapport aux garçons pour voir si elle peut attirer plus d’attention de cette façon.
Les jeunes observeront également leurs pairs et les adultes qu’ils admirent, pour développer et améliorer leurs compétences sociales.
- Par exemple, ils peuvent observer un adolescent populaire lors d’une fête afin d’acquérir de meilleures aptitudes sociales.
- Ils peuvent remarquer que ce camarade très apprécié est très drôle et raconte une bonne blague.
- Ils peuvent remarquer que leur tante, très vive, demande toujours l’avis des autres, plutôt que de monopoliser une conversation en parlant d’elle.
Ce processus d’apprentissage leur permet de créer un solide réseau social de famille, d’amis et même de compagnons de vie. Au cours de ce processus, les jeunes connaîtront à la fois des succès et des échecs en cours de route, car ils expérimentent différentes approches au cours de leurs interactions avec les autres.
En fin de compte, ce réseau de soutien social permet aux jeunes de créer une intimité émotionnelle avec quelques personnes choisies et de trouver de la satisfaction dans ces relations.
Comment un adolescent détermine ses valeurs et ses objectifs
Tout comme Erikson, James Marcia pense que certaines situations et certains événements (appelés « crises« ) servent de catalyseurs qui incitent à se déplacer à travers les différents statuts identitaires.
A quoi servent les crises d’adolescence ?
Ces crises créent des conflits internes et des bouleversements émotionnels, amenant ainsi les adolescents à examiner et à remettre en question leurs valeurs, leurs croyances et leurs objectifs.
En explorant de nouvelles possibilités, ils peuvent former de nouvelles croyances, adopter des valeurs différentes et faire des choix différents.
Selon la théorie de Marcia, ces crises de développement amènent en fin de compte les adolescents à s’engager de plus en plus dans une identité individuelle particulière par le biais du processus d’exploration de l’identité provoqué par les crises de développement.
Le but final est de trouver qui on est et ce qu’on veut faire.
Marcia décrit 4 points d’identité de développement uniques
- Il s’agit de la diffusion de l’identité
- la forclusion de l’identité
- le moratoire
- la réalisation de l’identité
Chaque statut identitaire représente une configuration particulière des progrès de la jeunesse en matière d’exploration de l’identité et d’engagement envers les valeurs, les croyances et les objectifs qui contribuent à l’identité.
Bien que ces statuts identitaires soient progressifs (ils se succèdent les uns aux autres), la théorie de Marcia ne suppose pas que chaque adolescent passera et expérimentera les quatre statuts identitaires.
Certains jeunes peuvent ne connaître qu’un ou deux statuts identitaires au cours de leur adolescence. Les jeunes peuvent avoir différents statuts identitaires dans différents domaines tels que le travail, la religion et la politique.
Contrairement à la théorie d’Erickson, la théorie de Marcia tient compte des mouvements multidirectionnels entre les différents statuts identitaires. Par exemple, les jeunes peuvent vivre un événement traumatisant comme le divorce de leurs parents ou une agression violente, ce qui peut les amener à réévaluer leur compréhension du monde et leur système de valeurs.
Ce type de crise peut les amener à se replier sur un statut identitaire antérieur alors qu’ils intègrent ces nouvelles informations.
C’est quoi l’adolescence ?
Des jeunes en 1976 répondent eux-mêmes à la question
Le premier point d’identité : la diffusion de l’identité
Ce statut identitaire représente un faible niveau d’exploration et un faible niveau d’engagement. A ce stade, les adolescents n’ont pas du tout réfléchi à leur identité et ne se sont fixés aucun objectif de vie.
Ils sont réactifs, flottent passivement dans la vie et font face à chaque situation au fur et à mesure qu’elle se présente.
Leur motivation première est hédonique : éviter l’inconfort et acquérir du plaisir
À titre d’illustration, prenons l’exemple de Toto, qui a fait un faux pas au lycée et a obtenu son diplôme l’année dernière (mais de justesse). Tyler ne sait toujours pas ce qu’il veut faire de sa vie.
En fait, il n’a pas vraiment réfléchi à ce qu’il aimerait accomplir. Il ne s’est inscrit dans aucune université ou école technique. Il travaille toujours à temps partiel à la pizzeria, un emploi qu’il a commencé au lycée pour avoir un peu d’argent de poche.
Comme il ne gagne pas assez d’argent pour vivre seul, il vit chez ses parents, mais il ne leur paie pas de loyer ni même de courses. Néanmoins, il n’a même pas envisagé de postuler pour un emploi à temps plein mieux rémunéré.
Chaque fois que sa mère frustrée lui demande : « Que fais-tu de ta vie ? », il se contente de marmonner : « Je ne sais pas ». Toto n’a même pas réfléchi à cette question, et n’a aucun objectif ni plan d’aucune sorte.
Le deuxième statut d’identité : la forclusion d’identité
Dans ce statut, les adolescents ne cherchent pas activement à déterminer ce qui est important pour eux. Ils ne remettent pas en question les valeurs et les croyances qui leur ont été enseignées.
Au contraire, ces jeunes obtiennent leur identité simplement en acceptant les croyances et les valeurs de leur famille, de leur communauté et de leur culture. Dans un sens, ils acceptent passivement l’identité qui leur a été attribuée.
Bien que ces jeunes soient attachés aux valeurs et aux objectifs de vie qui leur ont été assignés, ils ne remettent pas en cause leur raison d’être et n’envisagent pas d’autres solutions.
Par exemple, Edith, 17 ans, a posé sa candidature au même collège que sa mère et sa grand-mère, et elle a « décidé » de se spécialiser dans l’enseignement primaire.
Elle n’a pas vraiment réfléchi à la question de savoir si elle veut ou non aller à l’université, ni aux autres universités qu’elle aimerait fréquenter. Elle n’a pas non plus envisagé d’autres options de carrière que celle d’enseignante en école primaire.
Si on l’interroge sur ses projets, elle pourrait dire : « Toutes les femmes de ma famille sont devenues institutrices pendant quelques années et sont ensuite restées à la maison avec leurs propres enfants. Ma mère et ma grand-mère semblaient bien s’en sortir, donc cela me semble suffisant ».
Edith a accepté qu’elle sera comme toutes les autres femmes de sa famille. Elle ne s’est pas demandé si le chemin de vie choisi par les autres femmes de sa famille lui était acceptable, mais elle accepte simplement que son objectif soit de suivre le chemin habituel et coutumier des femmes qui l’ont précédée.
Population adolescente dans le monde (perspectives)
Le troisième statut d’identité est appelé moratoire
À ce stade, les jeunes sont en pleine « crise » identitaire qui les a incités à explorer et à expérimenter différentes valeurs, croyances et objectifs.
Cependant, ils n’ont pas pris de décision finale quant aux croyances et aux valeurs qui sont les plus importantes pour eux, et aux principes qui devraient guider leur vie. Ainsi, ils ne sont pas encore engagés dans une identité particulière. Ils gardent leurs options ouvertes.
Par exemple, Charles, 14 ans, peut soudainement commencer à se disputer avec ses parents au sujet de la participation au culte du dimanche à l’église chrétienne méthodiste, alors qu’il assiste à ce culte avec sa famille depuis son enfance.
Au lieu de cela, il aime passer son temps à lire sur les différentes religions du monde et prévoit de visiter plusieurs mosquées, temples et églises dans la région pour voir à quoi ressemblent leurs cultes.
Il peut aussi remettre en question la logique même de la religion, et même se demander si Dieu existe. Il est clair que Charles n’est pas encore tout à fait sûr de ses convictions, mais il explore et étudie activement les valeurs, les principes et les croyances qu’il veut vivre.
Le statut final d’identité est l’accomplissement de l’identité
On dit que les jeunes ont atteint leur identité :
- par un processus d’exploration active
- et par un engagement fort envers un ensemble particulier de valeurs, de croyances et d’objectifs de vie qui ont émergé de cette exploration et de cet examen actifs
À ce stade de l’identité, les jeunes auront décidé des valeurs et des objectifs qui sont les plus importants pour eux, et du but ou de la mission qui orientera leur vie.
➨ Les jeunes qui ont atteint le statut de réalisation de l’identité sont capables de donner la priorité à ce qui est important pour eux et ont trié les nombreuses possibilités de ce qu’ils veulent être. |
➨ Ils auront expérimenté de nombreuses croyances et valeurs différentes, et analysé leur cheminement dans la vie. |
➨ Pour atteindre pleinement ce type d’identité, les jeunes doivent se sentir positifs et confiants dans leurs décisions et leurs valeurs. |
Par exemple, Kristeen a voté pour l’élection présidentielle la toute première année où elle a été autorisée à voter. Mais elle ne l’a fait qu’après avoir soigneusement étudié les différents candidats et leurs positions sur les questions qui étaient importantes pour elle.
- Tout d’abord, elle a beaucoup réfléchi en tenant compte de ses propres convictions et de son système de valeurs.
- Ensuite, elle a déterminé quelles questions étaient les plus importantes pour elle en fonction de ses convictions et de ses valeurs.
- Enfin, elle a déterminé quel candidat correspondait le mieux à ses convictions et à ses valeurs sur les questions qu’elle considérait comme les plus importantes.
Conclusion
Comme mentionné, ces quatre statuts identitaires vécus à l’adolescence décrivent des points sur un continuum allant d’une identité individuelle initialement diffuse et indéfinie à un sentiment de soi très spécifique et bien défini.
La théorie de Marcia repose sur l’hypothèse qu’une personne mûre et bien équilibrée possède une identité bien définie et déterminée individuellement.
Le point de vue des sociétés occidentales sur la maturité
Cette hypothèse reflète un ensemble implicite de valeurs communes à de nombreuses sociétés occidentales développées concernant l’opportunité d’une identité définie individuellement ; mais cet ensemble de valeurs peut ne pas être universellement partagé.
Dans les cultures occidentales contemporaines, une grande valeur est accordée aux besoins, aux droits et aux libertés individuels. Il est donc tout à fait naturel que ces sociétés définissent la maturité en termes d’un sens très évolué du soi individuel.
Le point de vue des sociétés orientales sur la maturité
Mais d’autres cultures accordent plus de valeur aux besoins de la communauté dans son ensemble qu’à ceux d’un seul individu. Dans ces cultures, la maturité est définie par la capacité à subjuguer les poursuites et les désirs individuels au service du bien du groupe.
Ironiquement, ces cultures considéreraient l’importance que les Occidentaux accordent à l’identité individuelle comme un signe d’immaturité.
➨ Il est évident qu’il peut y avoir beaucoup de variations dans la détermination d’une identité individuelle.
En plus de ça, le développement d’une identité ne peut être séparé des valeurs, des croyances personnelles et de la compréhension de son sexe (le développement sexuel).