De nombreuses recherches scientifiques mettent en évidence quatre différences importantes entre les genres en matière de sexualité.
- Tout d’abord, les hommes manifestent un plus grand désir sexuel que les femmes, selon un large éventail de mesures.
- Deuxièmement, par rapport aux hommes, les femmes mettent davantage l’accent sur les relations sérieuses en tant que contexte de la sexualité.
- Troisièmement, l’agressivité est plus fortement liée à la sexualité chez les hommes que chez les femmes.
- Quatrièmement, la sexualité des femmes tend à être plus malléable et capable de changer au fil du temps.
Il y a un siècle, les spécialistes du rapport sexuel affirmaient avec assurance que les hommes et les femmes avaient des natures sexuelles étonnamment différentes. L’essor de la psychologie scientifique a suscité le scepticisme à l’égard de cette opinion populaire mais non prouvée, et le temps a mis l’accent sur les similitudes entre la sexualité des hommes et celle des femmes.
Par exemple, Masters et Johnson (1966) ont attiré l’attention en proposant un cycle de réponse sexuelle humaine applicable aux deux sexes.
Les universitaires féministes ont mis en garde contre l’exagération des différences entre hommes et femmes et ont plaidé en faveur de l’égalité sexuelle des femmes avec les hommes. Récemment, les psychologues ont fait le point sur les preuves scientifiques disponibles. Des examens de la recherche empirique sur divers aspects de la sexualité humaine ont permis d’identifier quatre différences importantes entre les hommes et les femmes. Ces différences de genre sont omniprésente.
LE DÉSIR SEXUEL
Le désir sexuel est l’expérience subjective d’être intéressé par des objets ou des activités sexuels ou de souhaiter s’engager dans des activités sexuelles. De nombreuses recherches montrent que les hommes manifestent plus d’intérêt pour le rapport sexuel que les femmes (lire Discrimination de sexe au féminin et au masculin : différentes vulnérabilités, différentes réactions par Francine Tougas, Natalie Rinfret, Ann M. Beaton, Joëlle Laplante et Christiane Ngo Manguelle).
Par rapport aux femmes, les hommes pensent plus souvent au rapport sexuel. Ils font plus souvent état de rapports sexuels fantaisistes et de sentiments de désir sexuel plus fréquents. Tout au long de la vie, les hommes évaluent la force de leur rapport sexuel plus souvent que les femmes de leur âge. Les hommes sont plus intéressés par les stimuli sexuels visuels et plus enclins à dépenser de l’argent pour des produits et activités sexuels tels que les vidéos classées X et les visites aux prostituées.
Les hommes et les femmes diffèrent également quant à la fréquence des rapports sexuels qu’ils préfèrent.
Lorsque les partenaires hétérosexuels de rendez-vous ou de mariage ne sont pas d’accord sur la fréquence des rapports sexuels, c’est généralement l’homme qui veut faire l’amour plus souvent que la femme. Dans les couples hétérosexuels, la fréquence sexuelle réelle peut refléter un compromis entre les désirs de l’homme et de la femme. Dans les relations homosexuelles, la fréquence des rapports sexuels est décidée par les partenaires du même genre, et les lesbiennes déclarent faire l’amour moins souvent que les homosexuels ou les hétérosexuels. En plus de ça, les femmes semblent plus disposées que les hommes à renoncer aux rapports sexuels ou à adhérer à des vœux religieux de célibat.
La masturbation constitue un bon indice du désir sexuel, car elle n’est pas limitée par la disponibilité d’un partenaire. Les hommes sont plus susceptibles que les femmes de se masturber, commencent à le faire à un âge plus précoce et le font plus souvent.
SEXUALITÉ ET RELATIONS
Une deuxième différence constante est que les femmes ont tendance à mettre davantage l’accent sur les relations sérieuses en tant que contexte de la sexualité que les hommes. Les hommes sont plus enclins que les femmes à mettre l’accent sur le plaisir physique et les rapports intimes. En revanche, les femmes ont davantage tendance à «romancer» l’expérience du désir sexuel, comme le montre la définition du désir sexuel donnée par une jeune femme : «désir d’être émotionnellement intime et d’exprimer son amour pour une autre personne».
Par rapport aux femmes, les hommes font preuve d’une attitude plus permissive à l’égard des rapports sexuels occasionnels avant le mariage et des rapports sexuels extraconjugaux. L’ampleur de ces différences entre les genres est relativement importante, en particulier pour les rapports sexuels occasionnels avant le mariage.
Dans le même ordre d’idées, les fantasmes sexuels des femmes sont plus susceptibles que ceux des hommes d’impliquer un partenaire familier et d’inclure de l’affection et de l’engagement. En revanche, les fantasmes des hommes sont plus susceptibles d’impliquer des inconnus, des partenaires anonymes ou des partenaires multiples et de se concentrer sur des rapports sexuels ou des organes sexuels spécifiques.
Une différence de genre dans l’importance accordée aux aspects relationnels de la sexualité est également observée chez les lesbiennes et les homosexuels. Comme les femmes hétérosexuelles, les lesbiennes ont tendance à faire preuve d’une attitude moins permissive à l’égard des rapports sexuels occasionnels et des rapports sexuels en dehors d’une relation primaire que les hommes gays ou hétérosexuels. Les lesbiennes sont plus susceptibles que les hommes gays d’avoir des relations sexuelles avec des partenaires qui ont d’abord été leurs amis, puis leurs amants. Les hommes gays engagés dans une relation sérieuse sont plus susceptibles que les lesbiennes ou les hétérosexuels de faire l’amour avec des partenaires en-dehors de leur relation principale.
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En résumé, la sexualité des femmes tend à être fortement liée à une relation étroite. Pour les femmes, un objectif important du rapport sexuel est l’intimité ; le meilleur contexte pour une sexualité agréable est une relation engagée.
L’IMPORTANCE ACCORDÉE AUX RELATIONS
Des études ont montré que les femmes ont tendance à se déclarer moins satisfaites sur le plan sexuel lorsque leur relation est caractérisée par des conflits ou une distance émotionnelle, alors que la satisfaction sexuelle des hommes dépend moins de la qualité de la relation.
La recherche sur les attitudes à l’égard des rapports sexuels occasionnels apporte d’autres preuves. Les hommes sont plus susceptibles que les femmes de faire état de sentiments positifs à l’égard de rencontres sexuelles occasionnelles et sans engagement. Lorsqu’on leur demande s’ils envisageraient de faire l’amour à une personne qu’ils ne connaissent que depuis une heure, une proportion importante d’hommes répondent par l’affirmative, alors que presque aucune femme ne se dit prête à accepter une telle proposition.
Cette différence se reflète également dans la manière dont les hommes et les femmes conçoivent l’infidélité. Les femmes sont plus susceptibles de considérer l’infidélité émotionnelle comme une trahison, alors que les hommes sont plus troublés par l’infidélité sexuelle. Ces tendances suggèrent que les femmes mettent davantage l’accent sur les aspects relationnels et émotionnels de la sexualité que les hommes.
L’AGRESSION SEXUELLE
La troisième différence importante concerne le lien entre la sexualité et l’agressivité. La recherche a toujours montré que les hommes sont plus susceptibles que les femmes de manifester des comportements agressifs dans le contexte de la sexualité. Il s’agit à la fois d’activités consensuelles, telles que la préférence pour les rôles de domination dans les scénarios sexuels, et d’actions non consensuelles, telles que le harcèlement sexuel ou la coercition.
L’agressivité sexuelle des hommes est souvent attribuée à des facteurs évolutifs, tels que la compétition pour les partenaires, ainsi qu’à des normes culturelles qui renforcent la domination masculine. Mais tous les hommes ne présentent pas ces comportements et des facteurs culturels et individuels modèrent considérablement ces tendances.
PLASTICITÉ SEXUELLE
La quatrième différence notable entre les genres est la plus grande plasticité sexuelle des femmes. La plasticité sexuelle désigne la mesure dans laquelle la sexualité peut être façonnée par des facteurs culturels, sociaux et situationnels. La recherche a montré que l’orientation sexuelle, les désirs et les comportements des femmes sont plus susceptibles de changer au fil du temps que ceux des hommes.
Par exemple, les femmes sont plus susceptibles de signaler des changements dans leur orientation sexuelle tout au long de leur vie, s’identifiant comme hétérosexuelles, bisexuelles ou homosexuelles à différents moments. De même, les réponses sexuelles des femmes sont davantage influencées par des facteurs externes tels que le statut de la relation, les normes sociales ou les attentes culturelles.
En revanche, les désirs et orientations sexuels des hommes ont tendance à être plus stables et moins influencés par des facteurs conjoncturels.